Chez Roger Blin Songtext
von Pierre Louki

Chez Roger Blin
Pierre Louki

Quand le moral déconnait
J′allais chez Blin, je sonnais
Non, y'avait plus de sonnette
Racontons pas de sornettes
Y′avait bien un pied de biche
Qu'on tirait mais va te faire fiche
C'était tout juste inutile
Car au bout y′ avait plus de fil
Troisième étage, escalier
À droite sur le palier


L′avait écrit sans apprêt
B L I N à la craie
Je frappais contre la porte
Il n'entendait pas qu′importe
C'était la fantaisie pure
Car y′avait pas de serrure
Je poussais dans le couloir
J'avançais sans trop y voir
Y′avait bien un lampadaire
Mais y'avait pas de lumière
L'E D F avait coupé

Sans frais l′électricité
La loi est parfois malsaine
Avec les metteurs en scène
Au fond du couloir un coin

Dit coin cuisine pas moins
Mais qui harmonie complète
Était aussi coin toilettes
On mettait alors vraiment
Les pieds dans l′appartement
Chambre, salon, bureau, dites-vous
Non, une seule pièce, point c'est tout
Un lit, un banc, une table,
Juste, juste confortable
Une armoire fatiguée tant,
Qu′elle baillait de temps en temps


Une cheminée à fringale
Qui attendait un journal
Pour avoir sa maigre lueur
De nouvelles et de chaleur
Une fenêtre mal venue
Souffrant toujours la même vue
Et souhaitant pour y voir
Que le soleil vire au noir
Quant à la table, ça me revient
Je vous ais bluffé en vain
En fait de meuble c'était plutôt

Une planche sur deux tréteaux
Mais sur la planche il y avait
Les bouquins dont je rêvais
Des poésies en plaquettes
Et puis des Samuel Becket
Et sur les murs des croquis
Signés de Diacobetti
Laissés pour compte par l′huissier

Qui n'avait pas apprécié
Et au milieu de tout ça
Blin qui disait te, te voilà
En bégayant quelque peu
Connivence avec le lieu
Et moi, d′être là j'étais
Ressuscité, j'existais
Le plâtre devenait roc
J′étais regonflé à bloc
Quand le moral déconnait
J′allais chez Blin, je sonnais
Non, y'avait plus de sonnette
Ma mémoire n′est plus très nette